mardi 9 décembre 2008

Terre d'Arnhem : le royaume des écorces peintes (Yirrkala, Maningrida, Elcho Island)

Au Nord de l'Australie, la Terre d'Arnhem qui s'étend entre le golfe de Carpentrie (à l'est) et la rivière Alligator (à l'ouest) occupe une zone de 150 000 km2 au sein de laquelle sept grandes communautés artistiques se sont constituées, très souvent autour d'anciennes missions devenues des centres urbains et administratifs : elles regroupent aujourd'hui plus de 3000 artistes - peintres mais aussi sculpteurs et artisans de toutes sortes - ; il existe une intéressante production de tissage en fibres naturelles : il s'agit - à l'est - des communautés d'Yirrkala, d'Elcho Island et de Ngukkur près de la rivière Roper. Dans la région centrale de la Terre d'Arnhem, ce sont les communautés de Ramingining, de Milingimbi et de Maningrida. Enfin, à l'ouest, Gunbalanya, située aux abords du Parc National de Kakadu.

Tantôt figuratifs (en Terre d'Arnhem occidentale), tantôt abstraits (en terre d'Arnhem orientale), les artistes de la Terre d’Arnhem ont une manière de peindre qui leur est à la fois bien personnelle mais qui se fonde aussi sur tout un ensemble de références culturelles et esthétiques communes à tous :

• le recours au support de l’écorce à la différence des peintres du désert qui utilisent la toile ;

• l’usage de pigments naturels (ocres, kaolin, charbon de bois) et non d’acrylique comme, encore une fois dans le désert ;

• motifs géométriques en croisillons qu’on appelle rarrk en Terre d'Arnhem occidentale, dhulang en Terre d’Arnhem orientale et qui de nature clanique et religieuse servent à sacraliser les représentations qu’ils décorent ;

• attention toute particulière apportée à la notion d’éclat ou « bir'yun » – terme qui désigne à l’origine la lumière du soleil, son miroitement sur les eaux ou son reflet sur les pierres et qui a fini par désigner cette énergie lumineuse que doit produire l’artiste – en particulier en jouant sur les multiples systèmes de hachures du rarrk pour donner une idée de la vie qui anime ses sujets et se communique à l’œuvre elle-même par un effet de contamination magique.

Ainsi regarder une écorce de la Terre d’Arnhem, ce n’est pas seulement voir un bel objet mais c’est aussi se laisser prendre au charme de l’hymne à la vie secrète des choses qu’elle célèbre et sentir la chaleur de l’énergie qui en procède.
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